Lors du coup de filet lancé très tôt mardi matin, les policiers ont ramené un gros poisson, Nail V., et du menu fretin. La mère d'un Réunionnais déjà parti en Syrie en compagnie de sa petite amie a d'ailleurs déjà été relâchée. Son rôle ne serait pas allé au delà du fait d'envoyer un peu d'argent à son fils alors qu'elle pensait qu'il allait s'installer en Turquie pour y apprendre l'arabe. Quant aux trois autres jeunes aspirants djihadistes présumés, les enquêteurs ne comptent pas les envoyer à Paris devant le juge d'instruction, contrairement à Nail V. Deux d'entre eux avaient d'ailleurs de leur propre initiative déjà pris leurs distances avec Nail V., aidés en cela par des imams locaux. Ils sont actuellement face au juge d'instruction de Saint-Denis pour une éventuelle mise en examen.
Reste donc le cas beaucoup plus épineux de Nail V. dont Zinfos a réussi à se procurer une copie de sa carte d'identité. De l'enquête de police, et même si Nail V. (21 ans) bénéficie toujours de la présomption d'innocence, il ressort qu'il est soupçonné d'avoir monté à la Réunion une véritable filière de recrutement d'apprentis djihadistes, une première en outremer. Les policiers qui l'interrogent depuis mardi matin pensent que Nail V., qui travaillait au conseil général, serait celui qui aurait convaincu Nasserdine M'Zé, un jeune Saint-Andréen de 23 ans, de partir en Syrie en octobre dernier pour y faire le djihad. Il y serait d'ailleurs récemment décédé en combattant.
De même, les policiers de la DCRI pensent que c'est lui qui aurait radicalisé Anthony, celui là même dont la mère a été arrêtée mardi matin, et qui aurait organisé son voyage jusqu'en Syrie en compagnie de sa petite amie. Enfin, il est suspecté d'avoir souhaité faire de même avec les trois jeunes Dionysiens arrêtés mardi matin.
Nail V., reconnait être adepte d'un islam radical -il pouvait d'ailleurs difficilement le nier au vu de ses écrits sur son compte twitter (voir ci-dessous), mais il nie être l'instigateur et le recruteur d'une filière djihadiste locale.
Il aura sans doute l'occasion de raconter sa version des faits directement à Paris au juge Trévidic du pôle anti-terroriste, après s'être vu délivrer un mandat d'amener par un juge des Libertés du TGI de Saint-Denis, probablement cet après-midi ou demain matin.