• Volcan : sismicité profonde sous le piton de la Fournaise

    Volcan : sismicité profonde sous le piton de la Fournaise

     

     

     

    La situation actuelle, très inhabituelle, est difficile à interpréter pour l’instant, même si par certains des phénomènes enregistrés elle peut rappeler les prémices de l’éruption de 1998. Photo d’archives (DR)

     
     

     

    Depuis la fin de l’éruption du 4 février, qui avait duré douze jours, le piton de la Fournaise n’a pas relâché la pression : en deux mois, l’observatoire volcanologique vient d’enregistrer 168 séismes profonds, entre 1 et 7 kilomètres sous le niveau de la mer.

     

    La situation est inhabituelle au piton de la Fournaise et il s’agit d’événements « assez rares » souligne l’équipe scientifique de Bourg-Murât : alors que moins de 600 séismes profonds ont été comptabilisés en dix ans (depuis 2004), soit 4 par mois en moyenne, on en a dénombré 80 par mois entre le 16 février et le 22 avril dernier, 168 exactement. Dans le même temps, au contraire, les séismes superficiels se comptent sur les doigts des deux mains.

     

    « On sait qu’il se passe quelque chose, explique Nicolas Villeneuve, directeur de l’observatoire. Et ils sont localisés essentiellement vers - 5 kilomètres. » La comparaison est tentante avec la situation qui a précédé la mémorable éruption du piton Kapor (qualifiée d’« éruption du siècle »), car ces séismes sont distribués « le long du conduit de 1998 », année de cette éruption. Mais ces séismes sont cependant beaucoup plus faibles que ceux qui avaient précédé la crise éruptive de 1998. Les scientifiques s’interrogent donc sur la signification de ces événements qui pourraient suggérer le début du remplissage d’une chambre magmatique assez profonde, tandis qu’aucun signe de remplissage plus classique d’une chambre située vers - 2 kilomètres n’est observé.

     

    « Nous sommes un peu démunis », avoue Nicolas Villeneuve. Car les moyens techniques d’aujourd’hui permettent de disposer de données que les moyens techniques d’il y a une quinzaine d’années ne permettaient pas d’enregistrer. Et comparer les deux situations s’avère plus qu’incertain. Ensuite, de tels « essaims » de séismes, en moins grand nombre toutefois, ont déjà été enregistrés en 2004, 2007 ou 2009, mais soit avant ou même après une éruption. Difficile d’y retrouver ses petits…

     

    Des émissions de gaz et le sommet qui gonfle

     

    Les scientifiques scrutent donc les signes d’une éventuelle migration du magma dans l’édifice volcanique, en se gardant de pronostiquer une nouvelle éruption, car il n’y a aucun signal clair en l’état actuel, même si les événements actuels pourraient contribuer à mettre en pression des zones de stockage du magma plus superficielles.

     

    D’autres indices sont là cependant, comme le « gonflement continu du cône sommital » (la partie du volcan que les randonneurs escaladent pour monter au cratère Dolomieu) et la « présence de gaz magmatiques ». Ces derniers proviennent de deux sources qui confortent les observations sismologiques : le SO2 (dioxyde de soufre) est d’origine profonde (-5 km) tandis que H2S (hydrogène sulfuré) est plus superficiel. L’augmentation de ce dernier « pourrait résulter d’une perturbation du système hydrothermal. Ce dernier processus pourrait contribuer à la source de surpression détectée à faible profondeur sous le sommet ».

     

    Enfin, les flux de CO2 (dioxyde de carbone) tendent à augmenter depuis le 15 avril, sur la zone de rift Nord 120 (zone de « faiblesse » ainsi repérée et constituée par l’axe volcanique entre le sommet du piton de la Fournaise et le piton des Neiges, orienté nord-ouest).

     

    La prudence est donc de mise et d’ailleurs, depuis la fin de la dernière éruption, la préfecture n’avait pas levé la vigilance volcanique.

     

    Au cours de ces deux derniers mois, le nombre et l’intensité des séismes superficiels sont pour leur part restés très faibles. Plus de 2000 éboulements « de petit volume » (une trentaine par jour) se sont par ailleurs produits dans les parois internes du cratère Dolomieu, chahutées lors de la dernière éruption. Ce sont donc ces séismes profonds qui sont à retenir.

     

    François Martel-Asselin

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