• « Sous effet, j'ai couché avec un inconnu »

    « Sous effet, j'ai couché avec un inconnu »

     

    •  Clicanoo.re
    • publié le 4 mai 2015

     

     

     

    Les jeunes rencontrés lors de notre reportage mélangent régulièrement souvent alcool et zamal. Un cocktail explosif.

     
     

     

    Selon une enquête nationale, près d'un jeune de 17 ans sur deux a déjà fumé du cannabis. Cette pratique s'accompagne d'une consommation d'alcool et de tabac. Rencontre avec trois lycéens réunionnais qui ont dérapé en raison de leurs excès.

     

    ADDICTIONS DES JEUNES

     

    NINA, 17 ans :

     

    Sous effet, elle couche avec un inconnu

     

    Nina se souvient parfaitement de son premier joint. C'était en 2013, deux mois après son entrée en Seconde. « J'ai testé le zamal un vendredi matin avec mes camarades avant de reprendre les cours. Nous n'avons pas arrêté de rigoler », raconte la Réunionnaise, une brune de peau âgée de 17 ans. Une expérience qu'elle renouvelle à de nombreuses reprises. La lycéenne de Pierre Poivre, à Saint-Joseph, maintenant inscrite en Première ES (Économique et sociale), fume régulièrement. Elle boit également lors de sorties en boîtes de nuit. Bonne élève à 15 de moyenne par trimestre, ses parents lui accordent une totale confiance. Elle en profite donc pour aller se défouler sur les pistes de danse après avoir consommé des substances interdites. L'occasion de rencontrer des garçons plus âgés. Elle se rappelle d'une soirée trop arrosée. « J'ai bu une dizaine de shots de téquila en tirant quelques taffes. » « J'ai flirté avec un homme de 21 ans. Sous l'effet de l'alcool et du zamal, j'ai couché avec cet inconnu dans sa voiture. J'étais tellement enivrée que j'ai laissé faire », ajoute celle qui veut plus tard ouvrir son magasin de mode.

     

    TRANSGRESSIONS

     

    « Je n'ai pas regretté cette nuit-là mais je suis plus attentive. Je m'efforce de ne pas fumer et boire en même temps. J'ai besoin de l'un ou de l'autre pour me lâcher. » Le lendemain de cet épisode, la Sudiste s'attire les foudres de ses parents. Pas à cause de son aventure sexuelle mais en raison de sa gueule de bois. « Je sentais l'alcool. J'ai reçu une leçon de morale. J'ai réussi à m'en sortir en leur disant que je n'avais consommé qu'un verre ou deux », rigole-t-elle, fière de l'anecdote. Malgré son âge, son père et sa mère semblent ignorer ses transgressions. « Je les mène en bateau. Je suis leur petite dernière. Ils ne se rendent compte de rien », dévoile la jeune Nina. L'amour parental peut lui aussi être aveugle.

     

    LIONEL, 17 ans :

     

    Viré du lycée à cause du zamal

     

    Lionel passe au travers de son année de Seconde. Ses résultats chutent. Le manque de travail est en cause mais pas seulement. Ses « dalons » exercent sur lui une mauvaise influence. Il commence à fumer du zamal avec eux. Sa pratique tourne à l'addiction pour devenir une habitude pratiquement quotidienne. Convoqués par le proviseur, ses parents le changent d'établissement à la rentrée scolaire 2 014. Une décision prise après plusieurs dérapages. Il intègre alors un autre lycée de Saint-Pierre. De peur d'être reconnu, l'adolescent de La Ravine-des-Cabris refuse de donner davantage de détails. Il accepte malgré tout de se replonger dans ce passé troublé.

     

    « exclu temporairement »

     

    « J'allais fumer dans un caro d'bois. Mon professeur principal avait remarqué mes yeux rougis. Il a bien essayé de m'aider à m'en sortir mais je ne l'ai pas écouté. J'ai été exclu temporairement à deux reprises en raison de ma consommation », raconte-t-il. Avant ces exclusions il va « bat son karé » sur le front de mer saint-pierrois. Il se cache à peine pour « râler » deux taffes. De la « qualité » fournie par le frère d'un de ses compagnons de défonce. « Il en ramenait toutes les semaines. Quand je retournais au lycée les choses dégénéraient. » Les bagarres se succèdent sous l'effet du joint. La situation se dégrade également à la maison. Elle désole sa maman, peu habituée à gérer ce genre de crise. « Mon mari a menacé notre fils de le mettre à la rue pour le faire réagir après ses exclusions. Ça n'a pas été évident à gérer. On a décidé de le changer de lycée » dévoile la formatrice. « Toute cette histoire est derrière nous », souffle-t-elle, soulagée. À maintenant 17 ans les choses s'améliorent pour Lionel. Le « petit » brun mesurant 1,82 mètre ramène des bulletins de notes plutôt satisfaisants, passant de 7 de moyenne à 12. Il a su relever la tête. Finis les yeux obscurcis sous l'effet du joint, il a su retrouver le droit chemin.

     

    DIDIER, 16 ans :

     

    Il fume et boit en cachette

     

    Sportif, beau gosse et bon élève, Didier a tout pour lui. Bien dans sa tête et dans son corps, le lycéen originaire du quartier de Goyaves à Saint-Joseph s'écarte de temps en temps de la ligne donnée par ses parents. Parallèlement à ses activités extra-scolaires, le longiligne joueur de football amateur réalise aussi des expériences interdites. « Après la fin des matches ou des entraînements, il m'arrive de tirer sur un joint. Le temps de rentrer chez moi en bus, l'effet a presque disparu », confie-t-il. L'élève modèle de Seconde au Lycée Paul Langevin se destine à reprendre l'entreprise de son père, spécialisée dans le bricolage. Si ce dernier se montre attentif aux résultats scolaires de son fils, ce n'est pas le cas lors des soirées familiales. À l'abri des regards, l'adolescent de 16 ans se laisse aller. « Tout le monde est tellement ivre, y compris mon père, qu'avec mes cousins on parvient à boire quelques verres. »

     

    « On s'isole, on boit du whisky et du rhum cul sec le plus vite possible. J'ai déjà ingurgité cinq verres de ces alcools sans oublier quelques bières. Tous ont vomi sauf moi. » Cet « exploit » lui a quand même occasionné un bon « totochement » de sa mère. En rentrant à la maison, durant le trajet en voiture, elle sent son haleine alcoolisée. « J'ai dit que c'était celle de papa mais elle n'a pas cru ma version. J'ai menti en disant que je n'avais consommé qu'une bière et deux verres de whisky. J'ai été privé de sortie et de sport pendant deux semaines », s'amuse-t-il, fier d'avoir échappé à une plus grosse punition. Didier semble avoir la tête sur les têtes sur les épaules. Équilibré, il mélange malgré tout alcool et zamal. Un cocktail explosif pour celui qui ne reste encore qu'un marmaille.

     

     

    Textes : Juliane Ponin-Ballom et Thomas Selly

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